J’en concède, il est plutôt rare que je me rende dans une salle cinématographique pour y déguster l’expérience ultime en matière de film. En fait, pour ainsi dire, ma dernière fois remontait en 2019! Puis, la pandémie est survenue et je n’avais pas retenté la magie d’une salle bondée pour y converger vers le visionnement d’une oeuvre relevant du 7e art… Jusqu’à tout récemment, où je me suis laissé tenter par la vague rosée qui déferle actuellement sur les rives du monde entier, portée par le film Barbie. N’étant pas particulièrement familier ni un grand amateur de cette poupée pouvant tout faire, je ne savais point à quoi m’attendre. Fût-ce une déception?
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De quoi ça parle?
À Barbieland, les Barbie et les Ken vivent en harmonie, dans une symbiose délectable d’intérêt. Chacun s’affaire à ce pour quoi il a été conçu. Par exemple, il y a Barbie présidente, Barbie-ci et Barbie-ça. Les Ken, quant à eux, ne semblent faire office qu’à titre d’accessoires. On les voit alors flâner ici et là, à s’occuper comme ils peuvent…. Dans cette ville où le rose teinte le moindre coup d’oeil, toutes et tous pensent que la vie dans le monde réel est aussi fantastique que la leur. En somme, les habitants de Barbieland croient que l’existence réelle est comme Barbieland.

Puis, on fait la rencontre de Barbie stéréotype, incarnée par Margot Robbie qui, du jour au lendemain, se voit affublée d’une terrible crise existentielle: ses pieds sont devenus plats, ses pensées sont morbides et de la cellulite est apparue sur son corps! Bref, la vie parfaite de miss parfaite n’est plus ce qu’elle était. Pour retrouver sa gloire d’antan, Barbie devra donc se rendre dans le monde réel et reconnecter avec l’humaine qui semble vivre de tumultueux moments.
Une impressionnante chimie fusion 👩🏼💛👱🏼♂️
Assurément, une page d’histoire hollywoodienne s’est rédigée avec le film Barbie, tant la proportion qu’a pris la promotion est imposante. Mais si la campagne du long-métrage va bon train, si le succès est au rendez-vous, c’est en grande partie en raison de ses acteurs principaux, Margot Robbie et Ryan Gosling. Le duo incarne effectivement à la PERFECTION l’imaginaire collectif de Ken et Barbie.
Ryan Gosling, dans son rôle de Ken-éperduement-amoureux-de-Barbie-et-n’étant-rien-sans-elle convainc par sa singulière palette de jeu. Du rire aux larmes, en passant par la jalousie et la colère, il explore tout le spectre émotif possible. Et ce, sans jamais tomber dans la caricature et la boutade dénuée de sens. De son côté, Margot Robbie crève l’écran. Plus que ça, elle le transperce à grands coups de positions féministes et parvient à démontrer que Barbie, au fond, c’est plus qu’une poupée. C’est le rêve féminin, la possibilité de devenir ce que l’on souhaite. Et ça, Margot l’incarne d’habile façon.

La cinéaste, Greta Gerwig, n’a peut-être pas de rôle de premier plan dans Barbie, c’est vrai. Pourtant, c’est tout comme. Son charme rédactionnel, sa verve et son évidente passion pour le sujet font d’elle la trame de tout le film. Son oeuvre respire la noblesse et l’humilité, tant grandiose et remarquable les idées fusent de part et d’autre. Oui, son génie créatif se transpose dans tous les petits détails, comme si l’imagination d’une petite fille jouant aux Barbie avait été reproduite sur le plateau.
Outre leur jeu d’acteur magnifiquement maîtrisé, Ryan et Margot brillent dans leur gestuel et leur évidente complicité. On croit à leur histoire et on rigole en constatant l’indépendance de Barbie envers Ken, et la dépendance de Ken envers sa dulcinée.
Life in plastic is not always fantastic 🎶
Heuuu, peut-on parler un instant de la musique dans Barbie? Entre Billie Eilish, Lizzo, Dua Lipa et Sam Smith, je ne savais plus où donner de la tête… ou plutôt du rythme! En effet, toutes les chansons de ce long-métrage convenu et retenu avaient des airs de festivités. Dynamiques à souhait, pimpantes et parfois gorgés d’émotions, mes oreilles furent certainement éblouies. En fait, tout le chapitre sonore du film semblait calqué sur l’univers des Barbie et collait à merveille à la couleur rose. C’était chatoyant et coulait de source dans mon canal auditif. Chaque chanson du film a fait l’éloge de mes tympans en leur chantant la pomme, ce qui est plutôt rare, je vous l’accorde. 🤌🏼

Toutefois, je me permets d’ajouter mon grain de sel aux quelques portions chantées du film. Si Disney et plusieurs autres studios galvanisent leurs cinéphiles en traduisant les chansons et les réinterprétant selon l’endroit où l’oeuvre est diffusée, ce n’est malheureusement pas le cas dans Barbie. Nous, francophones aguerris, devons donc nous contenter des sous-titres des moments musicaux. Et c’est bien dommage, car j’aurais beaucoup apprécié le fait d’entendre les Ken s’exprimer en français, lors d’une prestation de haut niveau survenue vers la séquence finale.
Je ne renierai pas le film pour une peccadille de ce genre, mais je dois tout de même avouer que cela a légèrement terni mon appréciation globale.
Rose pâle
À vrai dire, je suis ressorti de mon expérience cinématographique avec une pointe de déception. Comme si je m’attendais à plus, à mieux. Sans que je ne sache pourquoi, c’est comme si j’avais baissé ma rigueur, probablement par manque d’intérêt, je ne saurais dire. Mais en réalité, c’est mon coeur que j’aurais dû relever lors de la projection du film. L’élever à la même hauteur que la grandeur de la sincérité des productrices de Barbie. Car non, ce n’est pas qu’un film de poupées. Loin de là, même. C’est une célébration féminine du pouvoir qui leur a été trop souvent refusé ou retiré. À ces portes longtemps verrouillées, le film Barbie les défonce et se permet même de pointer du doigt le patriarcat nocif, l’abondance de la masculinité toxique dans notre société. Tout ça, enveloppé d’un emballage rose bonbon pétillant. ✨

Plus j’y pense et plus le film m’apparaît désormais grandiose dans sa simplicité, délicat dans sa force scénaristique. Le long-métrage n’a pas seulement fait l’éloge d’un mouvement d’émancipation féminine, non. Il est également responsable de l’avènement d’un phénomène de société qui, je l’espère, perdurera dans le temps. Alors, pour toutes ces raisons et plus encore, je me permets de revenir sur ma position initiale, où mon humble avis était couleur rose pâle, pour ajouter quelques couches de sincérité. Mon opinion est ainsi plus rose que le plus doux des parfums d’été, et presque aussi subtile que l’énorme stratégie marketing de Mattel derrière la production de ce film. 😉