Guy Jodoin, c’est un homme incroyable, un comédien incomparable et un animateur exceptionnel. C’est aussi le capitaine du nostalgique Romano Fafard, qui n’a pas peur de se mouiller pour divertir. Simple, généreux et hautement talentueux, cet artiste dans l’âme est également animé par la nourriture. Entrevue passionnante avec un homme passionné, Guy Jodoin!
Guy Jodoin, quelle est ta relation avec la nourriture?
Oh boy la grosse question! Depuis que je suis tout petit, j’ai la dent sucrée. J’adore le sucre, même que j’en ai toujours mis trop! Je sais que ce n’est pas bon ce que je suis en train de dire là, en 2020! Mais je vais te dire d’où je viens. Je suis originaire de l’Estrie. Ma mère aurait pu ouvrir un restaurant, c’est une grande cook. J’aimais beaucoup le sucre et ma mère me faisait des desserts. Elle a toujours fait beaucoup de nourriture.
On avait même un jardin derrière la maison, et souvent elle nous disait «va me chercher des haricots, des petites carottes, et on va se faire des surprises», qu’elle appelait. Ça, ce sont des patates, des carottes et des oignons enrobés dans du papier d’aluminium, cuits sur le barbecue. En gros, je dis que j’ai la dent sucrée, mais je pense que je suis gourmand… J’ai la dent sucrée et salée; c’est peut-être pour ça que j’ai animé Sucré salé à l’époque! (rires) J’aime manger (rires) et il faut que je me retienne! Je dois faire de l’exercice pour compenser.
Tout au long de ta carrière, tu as animé plusieurs émissions, tu as joué dans plusieurs séries et pièces de théâtre… Est-ce que ton métier artistique a influencé la relation que tu entretiens avec la nourriture aujourd’hui?
Oui, ça l’a influencé. Ma grande déception, c’est de voir que je n’ai pas le talent ou la patience pour être un grand cook comme ma mère, Julienne Delabruère. Mon métier a influencé cette relation-là, car ça m’a permis, entre autres, de diversifier ce que je mange. C’est-à-dire que de un, j’aime voyager. J’aime manger tout ce que je peux trouver dans différents pays et cultures. Au niveau de mon travail, souvent je voyageais d’une place à l’autre. Les fast-food ont fait partie de ma vie. Au départ, c’étaient des fast-food qui n’étaient pas les meilleurs, mais avec le temps, j’ai découvert des endroits où je pouvais goûter à des mets pour diversifier ma nourriture. Maintenant, j’adore les sushis, les poke bowl.
AjoutéC’est sûr que je suis un bon consommateur (rires) au niveau des restaurants! Quand je dis restaurant, ce n’en est pas un de luxe, ni un fast-food, mais entre les deux. J’essaie de bien m’alimenter, mais c’est sûr que souvent, c’est sur le pouce.
On te voit littéralement partout à la télé, et ces dernières années, on peut te voir animer avec brio et humour le quiz Le Tricheur. Sur le plateau d’une émission diffusée cinq fois par semaine, comment gères-tu ta faim?
C’est drôle parce que moi, je suis le genre de personne un peu extraterrestre qui peut oublier de manger dans la journée. Ce n’est pas bon, encore une fois, mais ça m’est déjà arrivé de me lever, de déjeuner, puis d’oublier de dîner et de souper! Ou, me lever sans déjeuner ni dîner, et à 16h, je m’en rends compte! Je ne ressens pas vraiment la faim. Ça fait 31 ans que je travaille et je n’ai jamais vraiment ressenti la faim. J’aime manger. Quand je m’assois, je mange et il faut que je me retienne. Il ne faut pas que je mange devant la télévision, quoi que je le fais à tous les jours (rires), parce que je suis porté à mettre plein d’aliments et de manger tout ce que j’ai mis sur la table. Je suis mieux de me faire un bol et de manger ce bol-là.
Effectivement, Le Tricheur c’est un marathon. Je m’alimente sur le plateau de tournage, c’est-à-dire que j’arrive le matin, on me donne des fruits, des muffins, du yogourt… Je mange comme ça le matin. Je suis hyper choyé, vraiment, c’est un service VIP! Les artistes, les gens qui travaillent de près à l’émission et moi, sur l’heure du midi, on monte au 4e étage à TVA et nous avons l’occasion d’avoir de la superbe nourriture. Il y a un traiteur, et c’est autant pour les végétariens que ceux qui veulent manger de la viande. Tout est là. Au dessert, je prends des fruits, mais en même temps si je veux manger des choses sucrées, j’en mange.
Le matin, je cours et je fais beaucoup d’affaires sur ce show-là, mais je sais que je vais bien manger le midi. Ensuite, je tourne jusqu’au soir, mais la faim ne me tiraille pas. Quand j’arrive chez moi en soirée, après une journée de tournage, vers 19h, je vais m’asseoir avec ma copine et nous allons bien manger aussi. Je ne suis pas en manque, je suis vraiment très choyé au niveau de la nourriture.
Vous essayez beaucoup de choses dans l’émission pour divertir les téléspectateurs et changer la formule. Mais est-ce la même chose en alimentation? Est-ce que tu aimes essayer de nouvelles saveurs?
Oui, lorsque je voyage, dans ma journée, et là encore plus avec la crise sanitaire, tout a commencé à tourner autour de la bouffe, ce qui fait que la grande question c’est «Qu’est-ce qu’on mange ce soir?» Comme ce midi, j’ai mangé un restant de pâtes, c’était du spaghetti et j’y ai mis de l’huile d’olive et des câpres, un peu de fromage… Je me suis fait aussi un petit Quick, un lait au chocolat. Mon côté très enfantin est toujours là, en moi. Je ne vais pas prendre de café le matin, je vais prendre un jus d’orange. Si j’ai la chance de prendre un verre de vin en soirée et qu’il y a un dessert après, ça se peut que je choisisse plutôt un verre de lait.
Ce soir, je ne sais pas ce qu’on va manger, ça va être une surprise. On va peut-être aller chercher un petit quelque chose au resto, je ne sais pas. Ce n’est pas le matin que je me demande qu’est-ce que je vais manger ce soir. Quand arrive le 16h-17h, c’est le fun de m’asseoir avec ma douce et de se demander ce que l’on va manger pour souper. C’est important que ça nous fasse plaisir. Encore là, tu n’es pas obligé de manger des repas très luxueux, juste que l’on soit bien et heureux. C’est important pour moi que ce soit des repas différents, je n’aime pas la routine. J’aime ça quand ça change. Quand je vais au restaurant, en voyage, parce que j’aime voyager, c’est clair que je vais toujours essayer de nouvelles choses. Je n’ai pas peur d’essayer.
À un moment donné, j’étais en Colombie et j’ai mangé du cheval! (rires) Une autre fois, j’étais en Jamaïque et je me suis dit «oh, c’est bizarre cette viande-là, il y a un croquant dans le milieu, comme un os, et la nourriture est autour!» Je ne comprenais pas ce que je mangeais. On m’a dit que j’avais mangé une queue de vache. «J’ai mangé une queue de vache?, ah bon!» (rires)
Des choses comme ça, j’en ai mangé souvent dans ma vie et pour moi, ça fait partie de la vie. Je ne mangerais pas une queue de vache tous les soirs, mais quand tu es dans le pays où les gens mangent ça parce que c’est la norme, j’en mange. J’essaie vraiment de me mouler aux gens qui sont autour de moi. Souvent, je demande «qu’est-ce que vous mangez?» Au niveau de la nourriture, j’essaie des choses. Quand je ne mange pas, c’est parce que je suis allergique, par exemple aux noix, noisettes, arachides… si je n’étais pas allergique, j’en mangerais.
Un endroit aussi où on peut découvrir plusieurs saveurs et mets, c’est au restaurant. Est-ce qu’il y en a un que tu préfères plus que les autres?
C’est une question qui est immense! (rires) Je suis un foodie, mais sans l’être. On dirait que je ne retiens pas les noms des restaurants. Le Vin papillon, entre autres, c’est un restaurant qui est sur Notre-Dame à Montréal. Ce que j’aime de ce restaurant-là, c’est que, quand j’arrive et que je regarde le menu, on dirait que ça va toujours être une surprise ce qu’ils vont me servir. Eux, ce sont des trippeux. Le fait de réinventer la bouffe, ça, j’aime ça. Autant j’aime la nourriture qui est de base (un bon ragoût, par exemple), autant j’aime – écoute, je suis vraiment une balayeuse (rires), je mange tout et je suis heureux! Je suis un gars qui aime être accueilli!
Dernièrement, j’ai joué à un jeu avec le producteur du Tricheur et des amis, où il fallait faire tomber des bâtons par terre. Tout ça pour dire qu’une personne est arrivée et a dit «je t’ai vu chez Frida!». C’est un restaurant sur la rue Notre-Dame à Montréal qui fait des tacos, mais des tacos mous. Des tacos ou des burritos, je ne sais pas comment on appelle ça, mais il est arrivé de là avec un à la viande de boeuf, un au porc, l’autre c’était végétarien et l’autre, c’était au cactus. J’ai dit «quoi!, on va manger du cactus?» Il me dit «oui, il y en a un qui est au cactus!». Moi, j’ai tout mangé comme une balayeuse (rires), j’ai vraiment tout aimé!
Mes restaurants préférés, autant il y en a un qui est plus huppé, autant l’autre est plus mexicain, chez Frida. Je suis heureux aux deux places. En même temps, si je vais me chercher une poutine à La Banquise, je vais être super heureux! (rires) Moi, entre manger une affaire dont je ne comprends même pas le nom sur le menu tellement c’est élaboré, versus une poutine à La Banquise, les deux me font tripper.
Tu vas être d’accord avec moi, on peut créer de super souvenirs au restaurant avec la famille et les amis et ça n’a pas besoin d’être compliqué, en toute simplicité. Est-ce que tu aimerais partager un de tes plus beaux souvenirs culinaires?
Un de mes plus beaux souvenirs n’est pas relié à de la nourriture que j’ai fait. Il y a deux étés environ, j’avais dit à mon père Léopold et à ma mère Julienne, qui ont maintenant 87 et 84 ans, «moi, je vous amène où vous voulez à travers le monde et peu importe combien de temps vous voulez partir». Je pouvais le faire; j’avais amassé assez de sous et je pouvais faire plaisir à quelqu’un, alors j’ai décidé de faire plaisir à mes parents. Là, ma mère m’a dit «oh mon Dieu, attends un peu, j’en parle à ton père!» (rires) Elle a fermé la ligne et m’a rappelé, mais je n’avais aucune idée de ce qu’elle allait me dire, puisque je les invitais. Elle m’a dit: «4 jours à Old Orchard, ça serait le fun!». Elle aurait pu me dire 2 semaines en Italie, mais elle a choisi 4 jours à Old Orchard.
Old Orchard, c’est aux États-Unis, et moi, ça me rappelait de super souvenirs de jeunesse. Quand j’étais jeune, j’allais là avec ma famille, sur le bord de la mer, dans un camping avec une très petite tente-roulotte de base. Il ne fallait pas toucher au toit, parce que ça coulait à l’intérieur sinon. Encore là, ce sont de super souvenirs pour moi que d’avoir été là; je m’en viens au côté culinaire dans pas grand temps (rires). Ma mère, quand elle était adolescente elle était partie et était allée danser sur le quai à Old Orchard, et ça lui rappelait de beaux souvenirs.
Donc je les ai amenés sur le bord de la mer et on avait un petit motel, sur le bord du quai. Et là, j’ai demandé à mes parents ce qu’ils aimeraient manger. Ma mère voulait manger du homard. «Parfait, on va se trouver du homard.» On a été à un endroit où c’est immense et où il y a plein d’homards. On s’est pris 4 homard, on les a mangés (1 chacun et le 4e, on l’a séparé à 3). La deuxième journée du voyage, je demande à ma mère ce qu’elle aimerait manger le soir. Ma mère me dit «du homard, c’était bon!» (rires) Tout ça pour dire que pendant 4 jours, on a mangé 4 homard par jour, à tous les jours! (rires) C’était un rendez-vous, on retournait toujours à la même place! On mangeait du homard et on était vraiment heureux. J’étais heureux d’être avec mes parents. Ça a été le plaisir de manger des fruits de mer, un de mes plus beaux moments de plaisir de nourriture.
Merci beaucoup de partager cette histoire à la fois drôle et touchante avec nous! Ça nous fait prendre conscience que nous sommes chanceux d’avoir des gens autour de nous. Dirais-tu que tu es aussi chanceux derrière les fourneaux?
Hahaha! (rires) C’est là où ça se gâche! Moi je suis plus un bon second. Je ne suis pas celui qui fait la bouffe. Quand j’étais jeune, mon père me disait «veux-tu un oeuf ent’2 tranches?» En fait, c’étaient 2 oeufs entre 2 tranches! J’ai commencé à faire ça dernièrement, pendant le confinement, des oeufs entre 2 tranches. Ma douce me disait «me ferais-tu des oeufs entre 2 tranches ce midi?» (rires) Ce n’est pas compliqué, mais moi, je mange ça et j’ai l’impression de manger dans un grand restaurant. C’est plus l’importance d’être bien entouré; et avec ma copine, on est content de manger des oeufs entre 2 tranches. Tu imagines!
Je suis aussi capable de prendre des avocats et de faire une petite guacamole. Mais rien de compliqué, je ne suis pas celui qui fait de la grande bouffe. Il faut que ça soit simple. Je peux faire des frites dans le four et rajouter une sauce que j’ai acheté à quelque part, avec du fromage, et je vais être ben heureux. Je vais plus accompagner, par exemple si ma douce fait une crème de poireaux, je vais couper. L’autre fois, on a juste mangé des haricots jaunes avec du homard et du beurre, mais nous étions heureux. Tu n’as pas besoin d’avoir tout le temps l’affaire la plus compliquée au monde.
Dernièrement, je me suis acheté 3 tomates pour faire des sandwichs aux tomates. Je suis super heureux quand je me fais des sandwichs aux tomates! C’est plate pour une entrevue culinaire, parce que je pense que je vais être l’invité qui va te parler des affaires les plus basiques. Je te parle d’oeufs entre 2 tranches, de sandwichs aux tomates et de haricots jaunes… Une autre affaire que j’aime, c’est quand ma mère me fait de la sauce NV. Ma douce est végétarienne, et ma mère lui fait de la sauce spaghetti NV, de la sauce Non-Viande. Je sais que c’est le plus beau cadeau au monde qu’elle peut nous offrir. Elle pourrait m’acheter n’importe quoi, je ne serais pas plus heureux que de recevoir sa sauce sans viande. C’est ça qui roule dans ma vie, en ce moment! C’est vraiment très simple.
La simplicité en cuisine est plus souvent qu’autrement gagnante!
Hier, je suis allé au Sushi shop, pour ne pas le nommer, et on y fait de super poke bowl. Je me suis pris un poke bowl volcano et j’ai été mangé ça avec ma douce dans le Vieux Port, sur l’herbe. C’était parfait, avec un petit kombucha! (rires) Je suis juste content d’avoir de la nourriture devant moi. En plus, si je sais que ceux qui ont fait la nourriture ont travaillé avec tout leur coeur!
(rires) Je parle beaucoup, excuse-moi, tu as ouvert une grande porte! (rires) L’autre fois, j’ai été en Gaspésie et le producteur du Tricheur m’a appelé et m’a dit qu’il irait faire un tour dans la maison que j’avais louée, et qu’on se ferait une bouffe de Vikings! (rires) Je n’ai aucune idée de ce que c’est, mais je lui ai dit «tu viendras une journée avec ta femme et ta petite, ça va être super et on va se faire une bouffe de Vikings!» C’est magique, je suis heureux rien qu’à t’en parler!
Tu m’as dit tantôt que tes réponses n’étaient peut-être pas très intéressantes pour une entrevue culinaire, mais je ne trouve pas. Je trouve que c’est complètement différent de ce que les autres invités me répondent habituellement, c’est vraiment rafraîchissant.
Je vais ouvrir mon frigo, et il y a des choses, mais des choses simples! Peu importe ce que l’on mange, ce qui est importe c’est de se faire plaisir, avec un équilibre. Une autre affaire que je mange souvent (rires), c’est du pop-corn! Simple, encore! Ma douce me propose d’en manger et, bon, c’est peut-être moi qui mange tout, mais ce n’est pas grave, je suis content de manger du pop-corn! Si j’allais sur une île déserte, l’aliment que j’amènerais – ma blonde qui ne jure que par le chou me dit que je suis fou – c’est du maïs, pour me faire du pop-corn. Si on avait du chou, du maïs et un peu d’eau, on pourrait passer une année… Bon, on serait peut-être tannés au bout de l’année (rires), mais on passerait une belle année quand même.
Je termine toujours mes entrevues culinaires avec la même question, à savoir es-tu plus du type sucré ou salé?
Hahaha! (rires) J’ai animé l’émission Sucré salé pendant 13 ans… Ah, je pense que, comme le vote pour la souveraineté du Québec, ça arrive à 51% et 49%. Je pense que 51%, c’est salé. Anciennement, ça aurait été 75% sucré et 25% salé. Je pense que c’est le fait d’avoir pris de l’âge! Parce que j’adore le pop-corn!
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Merci infiniment Guy! Je te connaissais déjà avant, avec les nombreuses émissions que tu as animé à la télé, mais j’ai vraiment découvert une nouvelle facette de la personne qui est Guy Jodoin. C’est quelqu’un de simple, mais de tellement généreux. Je ne saurais comment te remercier! Je te souhaite de conserver ta simplicité culinaire, de continuer à toujours apprécier ce que tu manges et de découvrir de nouvelles saveurs.
Psssiiittt! Guy Jodoin anime Le Tricheur, du lundi au jeudi à 18h30, à TVA.
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ses adresses
- Le Vin Papillon, 2519 Rue Notre-Dame Ouest à Montréal.
- Tacos Frida, 4350 Rue Notre-Dame Ouest à Montréal.
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Photos de Guy Jodoin: TVA
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